Les espèces exotiques envahissantes sont des espèces non natives ayant un potentiel de propagation rapide qui peuvent avoir des effets écologiques, environnementaux et économiques négatifs sur l’environnement dans lequel elles ont été introduites. La renouée du Japon fait partie des espèces exotiques envahissantes végétales que l’on retrouve sur le bassin lémanique. Elle forme des patchs monospécifiques et de ce fait pose de grandes difficultés de gestion. Plusieurs techniques comme le bâchage ou le criblage concassage permettent de lutter contre la renouée cependant il est parfois impossible d’utiliser ces méthodes pour des raisons techniques. Il est donc important de trouver des solutions alternatives comme la compétition ou la cohabitation. C’est dans ce cadre que Soraya Rouifed, enseignante-chercheuse à l’ISARA, nous a présenté son travail de recherche effectué durant sa thèse de doctorat sur la résistance biotique pour limiter les performances des espèces invasives.
Rappel Théorique : Pour construire une communauté végétale autour de la renouée il faut, soit que les espèces n’utilisent pas la même niche écologique (ensemble des conditions et des ressources nécessaires au maintien d’une population de l’espèce) et dans ce cas elles pourront coexister, soit que les plantes aient la même forme de croissance et la même utilisation des ressources (même niche écologique) et à ce moment-là ce sera la plus performante qui pourra rester dans le système (compétition). Cependant, dans le cas des espèces exotiques envahissantes, être plus performant est très difficile, c’est pourquoi l’étude décrite ci-dessous a plutôt cherché des plantes capables de coexister avec la renouée.
Des expériences en laboratoire réalisées précédemment avaient montré que l’ortie et le sureau étaient deux plantes qui avaient le potentiel de coexister avec la renouée. Ainsi, il a été décidé, en partenariat avec les gestionnaires des bassins versants de la Loire, partenaires du projet, de tester in situ la cohabitation de ces deux espèces avec la renouée.
Sur les 4 sites testés où une fauche sélective était effectuée (fauche de la renouée uniquement et non des autres espèces présentes), le sureau a montré des difficultés à régénérer, l’ortie quant à elle a repris correctement. De plus, sur les sites où les orties étaient présentes la biomasse aérienne de la renouée étaient bien plus faible que sur les sites comprenant uniquement de la renouée. De même, sur les parcelles où les orties étaient présentes, la densité de renouée était moins importante et une diversité floristique plus importante étaient observées. La capacité de repousse des renouées était également plus faible sur les parcelles où l’on trouvait des orties. Ces différents résultats donnaient ainsi de l’espoir pour les années suivantes en ce qui concernait la gestion de la renouée du Japon
Présenté par Soraya Rouifed, enseignante-chercheuse à l’ISARA de Lyon
Crédit photo : Nadia Sebei