Une Zone Humide est un espace dans lequel on trouve de l’eau en quantité. Elle peut être présente en surface ou dans le sol, de manière permanente ou temporaire. Des critères de délimitation ont par ailleurs été définis : l’espace doit abriter une végétation hydrophile sur au moins 50% de sa surface et/ou présenter des caractéristiques de sol particulières.

En Haute-Savoie, dès 1995, un inventaire des zones humides a été réalisé par la Direction départementale de l’Agriculture et de la Forêt. Cet inventaire est maintenant réalisé par ASTERS depuis 1997. L’actualisation de ces données est très active depuis 2016.

La télédétection et la toponymie sont très souvent utilisées pour cartographier ces zones humides mais ne sont pas suffisantes : une vérification sur le terrain est également nécessaire. Pour la vérification des caractéristiques du sol, les prélèvements de sols doivent être réalisés jusqu’à une profondeur de 120cm. Les sols des zones humides ont des couleurs typiques : le gris bleuté ou le rouge/rouille. Ceci est dû à l’oxydation du fer mis en contact avec l’eau. Les milieux rédoxiques, présentant des tâches rouges, sont nommés pseudogley, ils apparaissent lorsqu’il y a un battement de la nappe. Les milieux réductiques, gley, caractérisés par la couleur bleue grise, sont quant à eux toujours en eau.

Pour la saisie des données de terrain un cahier des charges est mis à disposition pour les bureaux d’étude. Il présente la méthodologie à suivre : une carte des zones humides potentielles permet d’identifier les zones à prospecter (celles jamais contrôlées ou non contrôlées depuis 10ans) ; la phase de terrain visant à délimiter et recueillir les données et enfin la phase de saisie. Il y a différentes sortes de zones humides : les zones humides de plus de 1000m² pour lesquelles il existe une fiche descriptive et un fichier cartographique et les zones humides ponctuelles pour lesquelles seule une information cartographique est conservée. En Haute-Savoie, 2.17% du territoire est classé comme zone humide, aussi bien en plaine qu’en montagne. Dans le bassin versant de l’Arve, les zones humides potentielles ont été identifiées, mais restent à être vérifiées et dans le bassin versant du Chéran les données sont en cours d’actualisation.

L’inventaire des zones humides est un outil de porter à connaissance, il est non-exhaustif et à l’échelle 1/25000 : ce n’est pas suffisant à l’échelle d’un projet. Il est nécessaire faire un lien avec le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et une expertise sur le terrain. C’est un outil d’alerte, et non un outil réglementaire, mais les zones humides sont toutes soumises à réglementation, même si elles ne sont pas inventoriées.

Le portail sur le site internet de la Direction Départementale des Territoires intègre chaque année les nouvelles données des zones humides. Il permet de faire le croisement avec les PLU.

Les zones humides sont un milieu dont la surface déclarée est en augmentation (car la définition en a été modifiée et que le recensement permet d’en découvrir de nouvelles), mais en réalité il est probable qu’une diminution de leur superficie ait lieu, notamment sous l’impact des activités humaines. Par ailleurs, les zones humides en milieu forestier sont mal connues : les outils de repérage cartographiques traditionnels ne pouvant pas être employés dans ces milieux.

La fonction de filtration des pollutions par les zones humides varie selon le type de milieu (sol, position, topographie, végétation, réseau hydrographique) et le type de pollution en présence. L’agence de l’eau a par ailleurs publié une analyse sur l’espace de bon fonctionnement des zones humides tant au niveau quantitatif que qualitatif.

Le changement climatique impacte les zones humides, ces impacts sont en étude car il peut être difficile de savoir si le changement climatique en est responsable ou s’il existe une autre explication (prélèvement, évolution du milieu, etc). En montagne (zone humide des Glières), les tourbières s’assèchent (observation d’espèces typiques de milieu en phase d’assèchement), c’est un phénomène naturel mais qui semble s’accélérer dans le contexte de changements globaux.

Présentation par Aude Soureillat, chargée de mission « zones humides » au Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Savoie.

Crédit image: Asters, Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Savoie